Maurane, de son véritable nom Claudine Luypaerts est née le 12 novembre 1960 à Ixelles en Belgique. Ses parents sont musiciens : sa mère est pianiste et son père est directeur d'un conservatoire de musique. Elle grandit avec son frère et sa sœur, baignés dans la musique classique, entre Bach et Debussy. La jeune Claudine commence l'apprentissage de la musique par des cours de violon à l'âge de huit ans. Détestant toute forme de scolarité, elle pratique par elle-même le piano puis la guitare. Mais en fait, elle est enchantée par les comédies musicales comme "West Side Story" ou les "Demoiselles de Rochefort". Et ce qui lui plaît surtout, c'est le chant.
À 16-17 ans, elle participe à des concours et à divers festivals. Elle se fait appeler à ce moment-là, Claudie Claude. En 1979, elle participe au spectacle intitulé "Brel en mille temps" d'Albert-André Lheureux avec Philippe Lafontaine et Daria de Martynoff (qui écrit pour elle aujourd'hui). C'est là que Pierre Barouh, compositeur français reconnu, la découvre. Après quelques échanges plus ou moins difficiles entre eux, il décide de produire son premier 45T sur son label Saravah. "J'me roule en boule" sort en 1980.
Plusieurs autres 45T suivent sans grand succès : "Fais soleil" en 81, "T'as pas la pêche" en 83, "Moi l'argent, toi jeune" en 85. Pendant ces années, elle vit de petits contrats en chantant dans les rues et les restaurants, devenant choriste à l'occasion, sur les albums de Jo Lemaire ou de Philippe Lafontaine.
En avril et mai 1985, elle fait sa première scène à Paris au Sentier des Halles. Le succès du spectacle lui permet de trouver les moyens d'enregistrer un véritable album coproduit par Saravah, les Éditions 23 et Franc'Amour. "Danser" sort en 1986. Sa voix ample aux sonorités jazzy nous rappelle qu'un de ses inspirateurs n'est autre que Claude Nougaro, qu'elle admire beaucoup.
Cette passionnée de chant participe la même année à l'élaboration en trio d'un album "H.L.M" sorti sous le label belge Igloo. Avec ses deux complices Houben et Loos, Maurane se laisse aller dans les voies du jazz et se sert de sa voix comme d'un instrument de musique. En 86 toujours, la chanteuse voyage beaucoup : du Printemps de Bourges en passant par le Festival de Jazz de Montréal, elle récolte au passage plusieurs prix dont le Prix de la Sacem (Société des Auteurs Compositeurs), le prix de l'Académie Charles-Cros et le Trophée du Midem à Cannes.
Malgré une apparition au cinéma dans un film belge de Ronny Couteure "Carnaval" en 87, Maurane n'est pas sûre d'être une bonne comédienne. Ce serait plutôt la scène qui l'attire et l'espace de liberté qu'elle représente pour un chanteur. À l'automne 87, elle passe une semaine au Théâtre de la Ville à Paris, ce qui lui donne l'occasion de montrer à un public d'aficionados que son swing brillant et énergique tinté d'humour ne peut que l'emmener sur la voie du succès.
1988 : "Starmania"
En 1988, Maurane rencontre Michel Berger, compositeur de la comédie musicale "Starmania" avec Luc Plamandon. Il cherche à remonter le spectacle et propose à la chanteuse belge le rôle de Marie-Jeanne, que Fabienne Thibeault avait créé en 78 lors de la première version. Cette expérience de travail collectif l'intéresse énormément et elle se découvre des amis dans la troupe. Pourtant, elle s'essouffle un peu au bout de quelques mois de représentations incessantes. Fatiguée, elle décide de passer à autre chose.
En février 1989, Maurane sort un nouvel album, sans nom. Plusieurs simples en sont extraits : "Toutes les mamas", "Pas gaie la pagaille" ou "Tout pour un seul homme". Ces chansons bien balancées passent sur toutes les radios. Elles sont écrites par les musiciens qui l'accompagnent sur scène, Evert Verhees, Arnould Massart ou Kevin Mulligan, et par elle-même, bien sûr. Elle signe sur le label Polydor car elle a définitivement quitté Saravah.
L'album se vend à plus de 150.000 exemplaires, score honorable pour celle qui sera la vedette de l'Olympia à Paris pendant six jours en mai 89. Malgré un trac énorme, elle évolue dans des styles de musique très différents, donnant un spectacle tonique et humoristique que le public adore. Plus de 2000 personnes l'ovationnent debout chaque soir. Elle enchaîne ensuite sur une tournée internationale qui s'achève au Japon. En juillet 89, Radio France Internationale décerne à l'artiste, l'Octave féminin en même temps qu'elle reçoit le Prix du Festival d'été international du Québec.
1991 : "Ami ou ennemi"
Devenue star, elle n'en garde pas moins une simplicité qui la rend sympathique aux yeux de tous. Dotée d'un tempérament volcanique, elle ne s'arrête pas en si bon chemin. En octobre 1991, elle sort un album intitulé "Ami ou ennemi". La famille musicale s'élargit : outre ses habituels complices, elle convie son alter ego, le Belge Peter Lorne, Jean-Claude Vannier, auteur français confirmé ou Louis Calaferte, dont elle adapte la poésie.
La chanson qui propulse l'album s'intitule "Sur un prélude de Bach". Elle est signée Vannier pour le texte et Bach pour la musique. Elle révèle chez Maurane la sensibilité que l'on soupçonnait déjà. "Ça casse" est aussi un simple rapidement transformé en tube. Le lyrisme de cette chanson écrite par Peter Lorne est une démonstration de plus des capacités non seulement vocales, mais aussi émotionnelles de la chanteuse.
En mai 92, elle revient à l'Olympia. Affichant toujours humour et maîtrise, Maurane montre toujours une bonne humeur non calculée, qui la pousse à ouvrir son tour de chant avec la chanson "Boum" de Charles Trenet. À l'automne, elle entreprend une grande tournée en Europe. Elle recommence en mars et avril 93 et fait à nouveau l'Olympia du 13 au 15 avril. Un enregistrement live a lieu qui sortira en avril 94 et qui s'intitulera "Une fille très scène". En avril 93, elle passe aussi au Printemps de Bourges et va faire un tour à La Rochelle pour les Francofolies en juillet de la même année.
Installée dorénavant entre Bruxelles, ville de cœur et Paris, ville de travail, Maurane partage sa vie avec Pablo, chanteur lui aussi, qu'elle a épousé en juin 92. La chanteuse donne naissance à une petite fille Lou, le 29 décembre 93, événement qui la ravit et lui apporte équilibre et joie. C'est entre autres pour cette raison, qu'elle ne se déplace pas pour la soirée des Victoires de la Musique à Paris en février 94. Elle reçoit pourtant la récompense de la meilleure interprète francophone de l'année. Précisons ici que l'album "Ami ou ennemi" s'est vendu à plus de 400.000 exemplaires.
À la fin de l'année, toujours aussi passionnée et insatiable, elle imagine un nouveau spectacle avec ses chansons, arrangées de façon très intimiste. Elle se produit en effet, du 6 au 11 décembre en compagnie de Nicolas Fizman et Arnould Massart à la Cigale à Paris. La connivence qu'il y a entre eux donne à ce tour de chant une note quasiment nostalgique, renforcée par l'hommage de Maurane au poète récemment disparu, Louis Calaferte.
1995 : "Différente"
Vraiment métamorphosée par une vie familiale équilibrée, Maurane, chanteuse à la voix et au cœur d'or revient avec un nouvel album en novembre 95. "Différente" est d'ailleurs dédié à sa fille, qui lui a inspiré trois chansons dans ce nouvel opus. Épanouie, son travail a mûri. Philippe Lafontaine et Jean-Claude Vannier, dont elle reprend la poignante "Juste une petite fille", sont toujours auprès d'elle. Mais, il semble que Maurane pour la première fois se raconte ici plus qu'elle ne l'a jamais fait. La pudeur a fait place au bonheur et à la tranquillité intérieure.
En octobre 96, elle démarre une grande tournée par trois dates à Paris au Grand Rex. Entourée de Arnould Massart et du Guildholl string, ensemble de 11 cordes, Maurane investit dans son spectacle la joie de vivre qui l'habite. Autant dire que son professionnalisme et son expérience ne font qu'augmenter la qualité de sa prestation.
Très appréciée de ses collègues chanteurs, elle est régulièrement sollicitée par des associations caritatives pour les aider à récolter des fonds lors de soirées exceptionnelles : c'est le cas pour les Restos du Cœur (organisation d'aide aux démunis) avec la Soirée des Enfoirés 1996 ou pour Sol En Si (Solidarité Enfant Sida), où depuis 93, elle participe aux soirées ou à l'enregistrement de disque. En 1997, elle entreprend même une tournée pour soutenir cette association avec ses amis, Alain Souchon, Maxime Le Forestier, Michel Jonasz, Catherine Lara, Francis Cabrel et la dernière recrue, Zazie, qui n'avait pas participé à la précédente session qui les regroupait tous en 93.
La chanteuse depuis le début de sa carrière accumule les succès. En 98, comme un bilan discographique, elle sort "L'un pour l'autre", compilation de ses meilleurs titres avec cinq inédits en ouverture. Le titre "L'un pour l'autre" sort en simple mais la vraie surprise vient d'un duo avec Eddy Mitchell qui signe le texte de "C'est magique". Début décembre, Maurane et son auteur Peter Lorne sont lauréats 98 de l'Oscar de la chanson française pour le titre "L'un pour l'autre".
Au cours de l'été 98, Maurane tient le premier rôle d'une comédie tendre, "le Comptoir" réalisée par Sophie Tatischeff, fille du grand cinéaste Jacques Tati. Nouvelle expérience, unanimement saluée par la critique.
2000 : "Toi du monde"
À l'aube du siècle nouveau, la chanteuse commence à songer à un nouvel album. Écriture, rencontres, tout se met en place petit à petit avec des contretemps qui, sans freiner le travail, s'intègrent au contraire au processus créatif. Après avoir commencé à travailler avec des collaborateurs qui la laissent finalement tomber, Maurane finit par se trouver une équipe avec laquelle elle travaillera en toute confiance : Tomàs Gubitsch, Jean Dindinaud et Nicolas Repac.
Arrangeurs, musiciens, ce trio la mènera tout au bout de l'album et la soutiendra lors du décès de son père en 1999. Ce passage douloureux lui inspire la dernière chanson de l'album, "L'Homme qui m'a le plus manqué", qu'elle accompagne d'une œuvre instrumentale composée par son père. Ainsi, l'album "Toi du monde", le cinquième de Maurane sort fin août 2000. La couleur générale est plus grave et plus tournée vers les musiques du monde. Maurane s'est même laissée convaincre d'introduire quelques sonorités électroniques.
Les premiers extraits sont "Il neige des e-mails" (déjà sorti depuis mai) et "Pour les âmes, pour les hommes". Elle les interprète au cours d'une courte tournée, entre le 29 septembre et le 5 novembre, avant d'attaquer un vrai tour de France en 2001.
Il se poursuit jusqu'à la fin de l'année. Hormis un duo avec Lara Fabian "Tu es mon autre", il faut attendre 2003 pour entendre une nouvelle fois la voix de Maurane sur disque. "Quand l'humain danse" sort en mai. Enregistrées en grande partie à Bruxelles, les quatorze chansons de cet opus traduisent l'optimisme et la sérénité de la chanteuse. De nombreux artistes viennent apporter leur contribution : "Un pays mais" interprété avec Marc Lavoine, "Mais la vie" avec Lara Fabian, "Petites minutes cannibales" avec Véronique Sanson. Les paroles et les musiques sont signées Peter Lorne, Daniel Lavoie et Louise Forestier, Jean-Jacques Goldman, Gildas Arzel ou Jean-Claude Vannier. Un vrai collectif d'amis pour un album très personnel.
Maurane ne tarde pas à reprendre la route pour donner des concerts à travers la France. Un album live "L'heureux tour" sort d'ailleurs en 2004.
Maurane s'attèle à la conception d'un nouvel album, lequel sort en janvier 2007. "Si aujourd'hui" est en grande partie réalisé par Daran. On retrouve aussi sur ce nouvel opus le duo Art Mengo/Marc Estève ou encore Arnoult Massart et Philippe Lafontaine. Un album assez inégal qui ne permet pas à la chanteuse de renouer vraiment avec le succès public.
En juin de cette même année, sort une autobiographie "Si aujourd'hui" écrite avec le journaliste Thierry Coljon.
L'année suivante sort un Best of de la chanteuse avec un inédit intitulé "Je n'ai que ça".
2009 : "Nougaro ou l'espérance en l'homme"
En décembre 2008, elle enregistre un album de reprises de chansons de Claude Nougaro, à la demande entre autres de sa femme Hélène. Le chanteur toulousain parraina ses débuts et les deux artistes cultivèrent une longue amitié. Avec ce disque, Maurane interprète avec chaleur et swing des titres aussi célèbres que "Le jazz et la java" ou "Armstrong". Avec Calogero, elle chante "Tu verras". Des chansons moins connues font aussi partie de la sélection, "l'Esperance de l'homme", "Allée des brouillards" ou le comique "Gratte-moi la tête". La réalisation a été confiée à Alain Cluzeau et les arrangements à David Lewis (Paris Combo), le jazzman Louis Winsberg, Fred Pallem (Le Sacre du printemps) et Dominique Cravic (Les Primitifs du futur). Une belle palette de musiciens pour rendre hommage au maestro toulousain. L'album "Nougaro ou l'espérance en l'homme" sort fin août 2009.
Du 7 au 9 octobre, Maurane se produit à l'Alhambra à Paris avec ce répertoire. Elle part ensuite en tournée en France et en Belgique.
2011 : "Fais-moi une fleur"
En juillet 2009, alors que s'apprête à sortir l'album en hommage à Nougaro, la chanteuse enregistre en six jours à New York un album de chansons originales, délibérément tournées vers le jazz. C'est seulement en septembre 2011 que celui-ci va sortir, retardé par le succès inattendu de l'hommage à Nougaro.
L'album "Fais-moi une fleur" réalisé par les Américains Gil Goldstein et Jay Newland, flirte largement avec la mélancolie, rendant compte de la complexité des relations amoureuses.
Maurane signe avec ses fidèles Marc Estève, Art Mengo et Marie Nimier des chansons comme "Fais-moi une fleur", "Je me sens bien" et le très jazzy "Mon ange veille". Le duo Brigitte Fontaine / Areski concocte le titre "Peplum" alors que François Morel est lui, l'auteur d'un hommage à Henri Salvador "Face B". On compte aussi les collaborations prestigieuses de Juliette "Le diable dans la bouteille" et de Julien Clerc ("Qu'est-ce que je vais te dire ?").
Servie par des musiciens américains de renom (Larry Campbell à la guitare, Will Lee à la basse et les participations de Toots Thielemans, David Sanborn et Mike Manieri), la voix de Maurane apparait magnifiée, chaude et harmonieuse. Cet opus n'est pas sans rappeler le succès rencontré il y a quelques années avec le titre "Sur un prélude de Bach".
En mai 2011, Maurane est élevée au grade d'Officier des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture et de la Communication. La chanteuse belge prend ensuite la direction des plateaux de télévision et devient jurée du télé-crochet Nouvelle Star sur la chaîne D8 aux côtés d'André Manoukian, Sinclair et Olivier Bas.
2014 : "Ouvre"
Après deux saisons sur D8, Maurane quitte l’émission de télévision dans laquelle elle s’est illustrée par son franc-parler et enregistre treize titres dans un album où elle tient à s’assumer telle qu’elle est. En novembre 2014, le très bel album "Ouvre" se trouve dans les bacs. Dans la chanson "Trop forte", elle condamne les diktats de la minceur, "Je voudrais tout te dire" s’adresse à sa fille. Parallèlement, elle publie une autobiographie dans laquelle elle évoque sans détour son poids et les souffrances liées au regard des autres. En mai, elle donne rendez-vous à son public aux Folies Bergères à Paris. Puis elle part en tournée pour défendre cet opus aux contributions multiples (Miossec, Daran, Pascal Obispo, Christophe Maé).
Opérée d'un œdème aux cordes vocales en 2016, Maurane se voit obligée d’annuler de nombreuses dates de concert. Elle en profite pour partager avec ses fans, via les réseaux sociaux, clichés, dernières infos, et autres polémiques dont elle a le secret !